Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

anglaise, étouffa la voix de plusieurs philanthropes qui cherchaient depuis longtemps à combattre ce sentiment.

Je fus témoin d’une discussion qui eut lieu à ce sujet autour du lit du savant chevalier Tambroni, le mari de la maîtresse de Canova. Une chose ajoutait à la haine profonde excitée par l’insolence anglaise. À Rome, en décembre 1823, la haine connue du Pape Léon XII (Annibal della Genga) pour le cardinal Consalvi, venait de faire éloigner des affaires cet homme d’État habile. Il avait été remplacé par un vieillard de 80 ans, autrefois fort galant et fort ultrà, comme le cardinal della Genga, le cardinal della Somaglia. Consalvi avait protégé les Anglais de la manière la plus singulière. Il était allé, au grand scandale du cardinal Pacca et de tout le parti ultrà, jusqu’à tolérer à Rome l’exercice du culte anglican. Della Somaglia ne protégeait plus les Anglais et rien ne semble exorbitant à un Romain et ne le met en fureur comme une insolence non soutenue (backed) par le pouvoir réel. C’est un sentiment analogue à celui qu’éprouverait un militaire commandant une place fort importante, et qui se verrait sommé de se rendre, par le colonel d’un régiment approchant de sa place sans canon. Je m’amusai beaucoup, chez M. Tambroni, à vérifier que la colère des