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la boutique, vous marchanderez avec mon maître. » Le jeune Anglais passe à la boutique de l’armurier avec un de ses amis. Il y a une discussion dans laquelle l’Anglais dit en italien à l’armurier : vous êtes un fripon. L’armurier répond à cette injure par des injures ; l’ami de l’Anglais tombe sur l’armurier à coups de cravache ; un enfant de seize ans qui était au fond de la boutique, voyant battre son maître, saisit un couteau de chasse qui était à côté de la meule à aiguiser, se précipite sur l’Anglais qui horsewhiped (frappe) son maître et lui porte un coup dans la cuisse ; la lame du couteau de chasse rencontre une artère, l’Anglais tombe dans son sang, le jeune homme prend la fuite. Après cet assassinat, qui eut lieu dans les premiers jours de décembre de l’année dernière (1823), les Anglais qui étaient reçus chez le duc Torlonia, riche banquier, fort juif, et dans un petit nombre d’autres maisons, affectèrent de se répandre en injures sur le caractère romain, en parlant des Romains et chez eux.

Un Anglais se serait-il permis de traiter un armurier anglais comme le jeune voyageur traita l’armurier de la place d’Espagne ?

Un Anglais souffrirait-il qu’à dîner chez lui, un étranger vilipendât, dans les termes