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XV
DE L’ÉDITEUR.

est alors d’usage en Italie[1], pour les prier de la soustraire aux entreprises d’un galant : « Emmenez-moi, ou je ferai quelque folie ». Dix minutes plus tard ils prenaient la route de Venise.

Les y accompagnerons-nous ? Stendhal nous y montrerait le désastre que fut pour la civilisation le déclin de la ville des doges et du Titien. Ne l’écouterons-nous pas plutôt revendiquer les droits du peintre sur la susceptibilité ordinaire de tous les gens dont il s’agit, en toute impartialité, de fixer la ressemblance ? Demandons-lui plutôt en passant un conseil littéraire. On s’est trop souvenu de sa boutade recommandant de lire chaque matin quelques articles du code civil. Certes, il n’était pas dédaigneux du style, comme on l’a souvent voulu prétendre. Les hiatus, les répétitions trop niaises, le retour du même son, le défaut de mélodie même le choquaient : tous ses brouillons et les corrections marginales de ses livres en font foi ; mais par-dessus tout il avait horreur de parler pour ne rien dire. À l’appui de cette opinion relevons aujourd’hui une toute petite phrase du présent livre : « La seule école du littérateur devrait être la tribune

  1. Colomb, publiant cette historiette, a omis l’amant. C’est lui enlever tout pittoresque. Avait-il donc oublié les relations profondément amicales qui, nous assure Stendhal existent le plus souvent entre le mari et le sigisbée ?