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peuplées et d’une population si heureuse du temps d’Auguste et de Tibère.

Non, les rivages d’aucune mer ne peuvent donner ce charme des souvenirs héroïques et malheureux. Combien la mort du maréchal Ney n’ajoutera-t-elle pas d’intérêt dans l’histoire aux récits de ses héroïques exploits ! Le malheur de Napoléon et de la France était le seul charme qui manquât à ces campagnes sublimes qui ont employé notre jeunesse. Comme artiste, je suis presque tenté de me réjouir de la bataille de Waterloo :

— « Voilà donc comme est tombé, diront les races futures, cet homme qui voulait nous guérir de dix-huit siècles de christianisme et de féodalité ! »

Barcelone qui est là, vis-à-vis de moi ; Carthagène, Cattaro, Rome, Palerme, Naples, Corfou et bientôt Chypre et Alexandrie, allaient avoir les deux Chambres.

Partout, pour préparer ce grand jour, le crime disparaissait ; le vol et l’assassinat étaient punis sur les mêmes rivages où, aujourd’hui, l’on traite avec le chef des voleurs.

En 1900, l’Europe n’aura qu’un moyen de résister à l’énorme population et à la raison profonde de l’Amérique : ce sera de donner à l’Asie-Mineure, à la Grèce, à la Dalmatie, la même civilisation ; c’est-à--