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XII
PRÉFACE.

glaises, l’auteur n’oublie point que l’objet de son étude, c’est l’homme, son caractère et ses mœurs, et qu’il ne le comprend jamais davantage qu’en confrontant l’homme anglais à l’homme italien et à l’homme français.

Tout ce qui peut refléter pour lui une image exacte du cœur humain le frappe à un point tel que nous voyons parfois les mêmes exemples figurer dans ses premiers livres et dans les écrits de sa vieillesse. Il rapporte ainsi en 1818 l’anecdote de ce préfet qui veut refuser la juste indemnité accordée par le roi à l’un de ses administrés dont la maison fut incendiée par les Prussiens, sous prétexte que ce citoyen a fait à l’ennemi une résistance inconsidérée. N’est-ce pas le même souvenir qui vingt ans plus tard lui dictera au début de Lamiel[1] l’apostrophe du bedeau Hautemare contre son neveu coupable de s’être enrôlé dans les corps francs et d’avoir peut-être tué un Prussien ?

Pour tout ce qu’il emprunte, est-il nécessaire encore de montrer par des exemples nouveaux combien Stendhal se l’assimile et, par une mystérieuse et profonde chimie, sait faire de tant d’éléments étrangers la vraie chair de sa chair ? Peut-être peut-on compter au nombre des pages les plus pré-

  1. Lamiel, édition du Divan, p. 26.