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les plus bizarrement assortis, tous les caprices les plus fous qui lui passent par la tête, sont autant d’oracles pour sa cour.

Dernièrement, une jolie et très jeune femme de Brescia a provoqué son amant en duel. Elle lui a écrit d’une écriture contrefaite ; c’était un officier, il s’est rendu sur le terrain : il a trouvé un petit polisson avec deux moustaches postiches et deux pistolets, qui voulait absolument se battre. Ce trait, que je cite au hasard entre mille aussi forts, et qu’on ne peut imprimer, n’a fait aucun tort à la belle Marietta. Elle n’en a trouvé que plus d’amants empressés à lui faire oublier l’infidèle.

Vous voyez comment chaque femme ici il des manières à elle, des idées à elle, des discours à elle.

D’une loge à l’autre, vous trouvez un autre monde ; non seulement d’autres idées, mais une autre langue ; ce qui est une vérité reconnue dans l’une est une rêverie dans l’autre ; c’est comme être ambassadeur à la cour d’un prince jeune et militaire, ou à celle d’un vieux souverain prudent. (En 1810 les cours de Bade et de Dresde.)

Les événements (vicende) d’une vie orageuse, sous l’apparence de la tranquillité, forment bien vite le jugement des