Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendres, que mon imagination me présente. Un quart d’heure après que je suis avec un sot, mon imagination ne me présente plus que des images ternes et ennuyeuses.

L’Inconstant raconte que ce qui le charme dans les voyages, c’est qu’

on ne revoit jamais ce qu’on a déjà vu.

Je suis inconstant d’une manière un peu moins rapide ; ce n’est qu’à la seconde ou troisième fois qu’un pays, qu’une musique, qu’un tableau me plaisent extrêmement. Ensuite, la musique, au bout de cent représentations, le tableau, après trente visites, la contrée, au cinquième ou sixième voyage, commencent à ne plus rien fournir à mon imagination et je m’ennuie.

On voit que mes bêtes d’aversion, c’est le vulgaire et l’affecté. Je ne suis irrité que par deux choses : le manque de liberté et le papisme, que je crois la source de tous les crimes.

Un être humain ne me paraît jamais que le résultat de ce que les lois ont mis sur sa tête, et le climat dans son cœur. Quand je suis arrêté par des voleurs ou qu’on me tire des coups de fusil, je me sens une grande colère contre le gouvernement et le curé de l’endroit. Quant au voleur, il