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énormément riche d’établir une imprimerie. Une imprimerie ! s’écrieront certaines gens, ce monstre que nous donnerions tout au monde pour extirper ! oui, Messieurs, une imprimerie, et de plus d’ouvrir une école pour expliquer la diplomatique, c’est-à-dire les anciens monuments écrits de l’histoire de l’Italie. Et, comme il arrivera toujours, il se trouva parmi les religieux un homme de mérite pour remplir le vœu du gouverneur. C’est le Père Fumagalli, de Milan, que le comte de Firmian, gouverneur du pays, fut obligé de défendre contre les vrais catholiques[1].

Le comte de Firmian, ami de Métastase et de plusieurs philosophes français, fut fait ambassadeur à Naples et à Rome par le célèbre prince de Kaunitz. En 1759 on l’envoya à Milan comme administrateur de la Lombardie. Il fut à peu près roi de ce pays jusqu’au 20 juin 1782, jour de sa mort. Ce fut un homme libéral par le cœur sans être un grand génie, un vrai roi constitutionnel. Il se ruinait pour former une belle bibliothèque et une galerie de tableaux. Il ne comprit qu’à moitié le grand principe

  1. Un catholique s’il est conséquent est nécessairement du parti de l’inquisition et de l’intolérance, la tolérance est un mot infâme. Pour quelques douceurs dans cette courte vie vous privez les malheureux pécheurs d’un bonheur éternel dans l’autre. Si je croyais au catholicisme, demain je me ferais martyr.