Page:Stendhal - Molière, Shakspeare, la Comédie et le Rire, 1930, éd. Martineau.djvu/353

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
LE RIRE

*

Un caractère quelconque veut agir dans un sens ; il est ridicule quand, croyant agir dans ce sens, il produit un effet précisément contraire. Son ridicule commence dès l’instant qu’il se trompe ; mais le public, devenu difficile, ne rit que quand un caractère se trompe de beaucoup.

No 1. — Un calomniateur veut nuire à sa victime ; il est ridicule quand, croyant nuire, il sert.

No 2. — Un homme fait la cour à une femme qui déteste les odeurs ; son rival lui persuade de s’en charger ; l’homme est ridicule.

Le calomniateur du premier exemple est aussi ridicule, mais d’un ridicule moins fort, quand au lieu de nuire à sa victime, il choque un intérêt à lui plus ou moins fort ; plus l’intérêt qu’il choque a d’importance pour lui, plus le comique qu’il produit en blessant cet intérêt, a de degrés de force.

3e exemple : Un mari parle à sa femme et blâme (en se moquant) sérieusement et vivement l’amant de sa femme de prétendus ridicules qui sont des qualités, dont sa femme craint l’absence chez son amant, absence qui l’empêche seule de se livrer à lui ; un mari blâmant fortement Flor.