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LE RIRE

en ce pays, au sixième siècle, avec Clovis[1].

Tout ce qui est arrivé en France, depuis l’an 1500, semble calculé exprès pour enseigner aux Français la vanité, et, par conséquent, une des branches du rire. Voir, en 1823, l’éducation des petits garçons à Paris, l’habit gaulois des petits V[iol]et Led[uc], etc., on aura de fiers niais, avec cette admirable éducation.

On rira plus souvent en France ; on rira plus profondément, si j’ose parler ainsi, en Italie. On y aime beaucoup plus la bouffonnerie au théâtre, c’est un soulagement.

Il y a un proverbe sale, mais fréquemment employé en Italie, et qui me semble prouver la fréquence de la chose : Compisciarsi dalle risa (pisser dans ses culottes à force de rire).

On rirait avec plus de violence en Italie qu’en France. Il y a peut-être, en revanche, cent nuances du rire fréquentes en France et inconnues en Italie. La mine du diable du pauvre moine qu’un valet de campagne et balourd allait réveiller de demi-heure en demi-heure, et promenait de chambre en chambre.

Le tempérament sanguin est évidemment celui du rire, au contraire du bilieux ou du mélancolique. Voilà la confirmation

  1. Histoire des Francs, par Grégoire de Tours.