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LE RIRE

Révolution et la haine qui divise les classes de la société, voyez les ridicules donnés à M. de Villèle depuis un mois. À Washington, on doit attaquer un ministre bien plutôt par des raisonnements d’une évidence mathématique, que par des plaisanteries.

Je sens que ma comparaison serait plus décisive, si l’on ne pouvait m’objecter qu’à Washington, on est encore un peu grossier et triste, la tristesse du puritanisme et des prêcheurs. J’ai vu dans les journaux d’hier qu’en décembre 1822, un prêcheur vient d’attaquer M. Mathews le comédien. Le prêtre dit à ses grossiers auditeurs que M. Mathews, arrivé en octobre 1822, est une des causes de la fièvre jaune qui s’est manifestée en août. Nos braves missionnaires ne risqueraient guère de telles choses en France ; non pas, certes, que leur courage religieux reculât devant l’absurdité ; mais la logique répandue parmi les auditeurs leur ferait peur.