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LA COMÉDIE

les motifs qui portent Pyrrhus à accorder Astyanax, à Oreste, ce mot seul : je vous accorde Astyanax, suffit. Nous exigeons seulement que Pyrrhus ne vienne pas détruire notre illusion, mais qu’au contraire il l’augmente autant qu’il est en lui en étant très naturel, mais nous n’exigeons pas que son caractère se développe.

On peut nous présenter un caractère qui soit la copie exacte de ce que nous croyons être, comiquement ou tragiquement. Ce n’est encore là que la moitié du travail du poète. Il faut maintenant qu’il fasse agir ces caractères et que par là il nous apprenne quelque chose de nouveau sur nous.

Le poète comique me présente un jeune homme semblable à moi qui, par l’excès de ses bonnes qualités devient malheureux et qui par ces mêmes qualités devient heureux. Cela me procurant la vue du bonheur m’intéresse et me fait sourire. Tom-Jones est un exemple. Plus le malheur du personnage avec qui je me suis identifié est grand, plus je réfléchis profondément pour trouver les moyens de m’en sortir, plus il m’intéresse.

Dorante le menteur est encore un exemple. Un petit défaut de son cœur, défaut qui nous est d’abord présenté, lorsqu’il ment à Clarisse, comme venu