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SHAKSPEARE

Donc une conspiration bien peinte, et avec les véritables moyens d’exécution est une chose dangereuse et défendue avec raison[1].

Brutus et Cassius auraient dû nous montrer les moyens qu’ils emploieront pour lever une armée, pour la solder, pour la faire vivre. Il manquera aussi quelques détails de ce genre dans la belle scène des Triumvirs. Nous croyons toujours que Shakspeare est vrai et énergique dès qu’il ne copie plus les historiens.

Acte quatre. — Cet acte nous semble vrai, mais pas très fort, il n’y a rien de frappant. La scène de la brouillerie nous paraît faible (aujourd’hui) sous le rapport de l’amitié et fausse sous le rapport politique. La querelle vient de ce que Brutus reproche à Cassius d’avoir une main avide. Cassius au lieu de répondre s’indigne des termes dont se sert Brutus, ce qui est doublement mal : 1o il ne peut pas y avoir de réconciliation véritable, tant qu’il n’y a pas eu de réponse ; 2o cette réponse était facile et sans réplique : « C’était pour le service public. Nous avons assassiné pour la liberté, nous pouvons rançonner le peuple. Ces désordres n’auront plus lieu après le rétablissement d’un gouvernement

  1. Dans la marge, plus tard, Stendhal a écrit : « Police de 1811 ». N. D. L. É.