Page:Stendhal - Molière, Shakspeare, la Comédie et le Rire, 1930, éd. Martineau.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
CYMBELINE

voit le cadavre de Cloten qu’elle prend pour Posthumus, sa douleur n’est pas profonde. Elle parle, tandis qu’elle est restée muette aux accusations de Posthumus que lui a montrées Pisanio. Elle prend le singulier parti de se mettre au service de Lucius. Elle conserve assez de présence d’esprit pour mentir sans raison. Shakspeare aurait pu motiver ce parti de suivre Lucius en lui faisant craindre de rencontrer Cloten à la cour, et de le voir se réjouir insolemment de la mort de son époux.

Il n’en est pas moins vrai que nous ne connaissons pas de jeune première dans nos poètes qui soit aussi gracieuse, aussi vraie qu’Imogène et, j’ose dire, dont on puisse aussi bien déterminer, voir le caractère et arrêter la physionomie.

Rien de plus naturel que la scène de Iachimo et d’Imogène, rien de gigantesque, rien de superflu ; tout se passe, ce nous semble, exactement comme dans une conversation intéressante entre des personnages passionnés qui ne se croient pas contemplés du public. Imogène ne déclame point contre la perfidie humaine. Elle s’écrie : « Hors d’ici, holà Pisanio », et regarde Iachimo avec mépris.

Le caractère du vieux bavard ampoulé monarchique Belarius, des deux frères