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MOLIÈRE

Qu’est-ce que la sottise proprement dite ? C’est de se nuire à soi-même. Par exemple, je désire que mon père m’envoie de l’argent, il ne m’en envoie point, et certainement j’en aurais si j’avais flatté sa vanité. De manière que cet homme qui s’applique tant à connaître les caractères n’a pas su tirer parti de celui qu’il lui importait le plus de ménager. Par quelle raison ? Je n’y vois que vanité mal entendue. César qui aspirait à gouverner le monde, permit à Nicomède de l’enc… La comparaison est basse, mais énergique. Il s’agit du plus grand ambitieux qui ait existé.

Dans le moment, d’enthousiasme que m’inspira Marianne, je pris la finesse de Marivaux pour le bon ton. Hé non ! elle fatigue ; l’homme qui flatte notre vanité plaît toujours. Remarquez ma tante Chalvet. On a toujours les qualités qu’on est forcé d’avoir. On prend souvent les richesses pour le bonheur, j’ai pris la finesse pour le bon ton. On prend ce qui est à côté de la chose pour la chose même. On peut parvenir à la chose par la connaissance de son but. L’usage du monde, le bon ton, etc., est l’art de plaire le plus possible à tout le monde. La finesse est-elle cet art ? Non, car avec un peu de vivacité le père Ieky aurait le meilleur ton et