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MOLIÈRE

preuve que la société s’est perfectionnée depuis Molière, c’est-à-dire que l’homme qui occupe aujourd’hui une position semblable (développer ce semblable) à celle d’un homme sous Louis XIV, sait bien mieux ne pas blesser la vanité et la flatter que sous Louis XIV.

La vanité est-elle naturelle à l’homme ? et la montre-t-il davantage à mesure qu’il est le plus débarrassé de préjugés ? Si cela était, comme nous en avons beaucoup moins que sous Louis XIV, il est très naturel que nous la montrions davantage et que, cherchant des jouissances par elle, nous ménagions la vanité des autres afin qu’ils flattent la nôtre.

Il est sûr qu’un poète comique qui donnerait à ses personnages le bon ton de ceux des Amants Magnifiques, serait sûr de plaire ; tandis qu’au contraire il n’y a plus que les gens de métier qui sentent le mérite de M. de Pourceaugnac. (L’art de développer un caractère.)

Il faut donc qu’en 1670 le bon ton fût bien plus rare qu’en 1804 (134 ans après).

Étudier bien cette idée de perfectibilité qui me mènera, si je la trouve fondée, à un état de l’âme bien doux : l’optimisme (on sait quel optimisme j’entends), celui que j’éprouvais la première fois que je vis jouer l’optimiste de Collin.