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L’AVARE

On pouvait peindre Valère heureux, s’inquiétant peu de l’avenir et cherchant à consoler Élise par sa gaieté, et le tableau de ses espérances. Cette manière pouvait faire naître de charmantes peintures d’amour. Élise aurait paru craintive, tremblante, aurait exposé les uns après les autres les motifs de ses craintes et toutes ses objections auraient été successivement détruites par l’amour et les paroles rassurantes de son amant. Ce moyen avait l’avantage d’amener l’exposition très naturellement, de montrer Valère comme un homme voyant les choses de plus haut.

Valère aurait été peint se moquant davantage des actions de l’Avare ; dans la scène de sans dot, il a l’air uniquement de suivre ses intérêts, et ne se moque pas du ridicule de l’Avare : cette manière aurait aidé le parterre à rire du comique de ces scènes, Valère aurait fait des plaisanteries sur le caractère, et aurait ainsi paru plus brillant et plus noble, ces deux sensations ne sont point données par la pièce. Valère a l’air trop intendant : il y avait une source de comique gracieux, en montrant Valère faisant des balourdises dans son métier et cherchant en plaisantant comment il doit s’y prendre pour bien s’en tirer.

Cette scène peut être parfaitement