Page:Stendhal - Molière, Shakspeare, la Comédie et le Rire, 1930, éd. Martineau.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
MOLIÈRE

unité de lieu ? mais comme dit Horace : « Il faut ménager les habitudes du peuple des spectateurs. » (Métastase, tome 12 ou 15.)


CLÉANTE

Sacrifiez à Dieu toute votre colère,
Et remettez le fils en grâce avec le père.


Scène qui me semble ennuyeuse ; Tartuffe étant un hypocrite comme le spectateur en a la preuve, à quoi bon le mettre à pied de mur, puisqu’il n’y a pas de spectateurs ? Cléante pouvait tout au plus lui faire une menace énergique de quatre vers, appuyée de la vue d’un pistolet. Voilà la nature, mais était-elle bonne à mettre en scène ?


CLÉANTE

Quoi ! le foible intérêt de ce qu’on pourra croire
D’une bonne action empêchera la gloire ?


Ici la figure que Molière prend pour faire son vers est une absurdité. Sans doute si le public ajoute foi à une fausseté, la vérité n’aura pas de gloire.


TARTUFFE

Que tout ce bien ne tombe en de méchantes mains ;
Qu’il ne trouve des gens qui, l’ayant en partage,
En fassent dans le monde un criminel usage,