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iv
PRÉFACE

testamentaire, réédita dans les Œuvres Complètes chez Michel-Lévy les deux plaidoyers romantiques de 1823 et 1825 en y joignant tous les fragments que son cousin avait un jour pensé y incorporer[1].

Beyle était en effet depuis longtemps préparé à écrire sur Molière. Il l’avait étudié toute sa vie et souvent, comme nous le verrons bientôt, la plume à la main. Son jugement sur ce maître comporta toujours un curieux mélange d’admiration et de sévérité. Il ne lui refusait pas la première place dans la comédie ; mais il traçait durement ses limites, lui reprochant avant tout son style et le peu d’ampleur et de variété de ses peintures. C’est ce que résument à merveille trois lignes de son écriture jetées sur un feuillet perdu au milieu des manuscrits de Grenoble : « Mais en général [Molière] me paraît jusque dans sa prose ne parler point assez simplement pour exprimer toutes les passions[2]. »

En dépit de ses défauts, de ses lacunes, Molière ne lui paraissait pas moins un sujet fructueux d’étude. Pourquoi ? Il va nous l’avouer sans fard. Les grands hommes

  1. Racine et Shakspeare, édition du Divan, préface de l’éditeur, p. XX–XXIV et quatrième partie de l’Appendice, p. 287.
  2. R. 5896, tome 1.