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à Nevers. Il va placer la grande route le long de la Loire, ce qui met en fureur les propriétaires des maisons de La Charité qui ont l’honneur de se trouver sur la route actuelle. Ces messieurs prêtent les motifs les plus plaisants à M. Mossé, ne pouvant pas se figurer que le bien public soit un motif. Quant à eux, ils ne nommeront député que l’homme qui jurera de maintenir devant leurs maisons la route royale de Paris à Lyon. Qu’importe que le voyageur arrive vingt minutes plus tard à Lyon ?

Mon essieu ne sera prêt qu’à dix heures du soir ; je retourne à l’église, qui me plaît de plus en plus. Je fais acte de courage, je monte sur la jolie tour, du haut de laquelle je vois coucher le soleil derrière de vastes forêts ; je vois la Loire serpenter à l’infini. Je passe fort bien mon temps ; mon cicérone est homme de sens, et répond clairement à toutes mes questions. Les propriétaires du pays parlent de faire un grand trou entre cette tour et l’église ; au fond de cet escarpement on placerait la route : voilà le projet qu’on oppose à celui de l’ingénieur en chef. Sans doute, m’a dit mon cicérone, l’ingénieur en chef a été acheté par les propriétaires voisins de la Loire.

La grande et foncière différence de Paris