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il y a de tout, mais rien n’est touchant. Les rochers de Fontainebleau sont ridicules ; ils n’ont pour eux que les exagérations qui les ont mis à la mode. Le Parisien qui n’a rien vu se figure, dans son étonnement, qu’une montagne de deux cents pieds de haut fait partie de la grande chaîne des Alpes. Le sol de la forêt est donc fort insignifiant ; mais, dans les lieux où les arbres ont quatre-vingts pieds de haut, elle est touchante et fort belle. Cette forêt a vingt-deux lieues de long et dix-huit de large. Napoléon y avait fait pratiquer trois cents lieues de routes sur lesquelles on pouvait galoper. Il croyait que les Français aimaient les rois chasseurs.

Il y a deux anecdotes sur Fontainebleau, le récit de la mort de Monaldeschi par le père Lebel, qui le confessa[1], et la grossesse de l’abbesse du monastère de la Joie, racontée au petit coucher de Louis XIV par le duc d’A***, son père, qui ne se rappelait plus le nom du couvent dont sa fille était abbesse[2].

Monaldeschi connaissait le temps où il vivait et la princesse qu’il servait. L’épée d’un des trois valets qui exécutèrent la sentence de Christine se faussa sur la gorge du pauvre amant infidèle : c’est qu’il por-

  1. Recueil de Pièces, par Laplace, tome IV, p. 319.
  2. Mémoires de Saint-Simon.