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ne me parlez de rien. Cette expédition de Constantine est pour moi comme l’épée d’Horatius Coclès suspendue sur ma tête.

Puisque je ne peux entrer au château, je demande des chevaux de poste. J’aurais voulu voir certaines peintures du Primatice qu’on dit fort bien restaurées ; c’est un grand mot. Comment notre goût empesé et maniéré aurait-il pu continuer la simplicité du bon Italien ? D’ailleurs nos peintres ne savent pas faire des figures de femmes. Probablement je n’ai perdu que des haussements d’épaules.

C’est dans le petit pamphlet à la Voltaire, c’est dans les articles du Charivari, quand les auteurs sont en verve, que nous sommes inarrivables. Par exemple, la visite du roi de Naples à la Bibliothèque royale (en 1836, je crois) : Ze voudrais bien m’en aller.

Tous les gens d’esprit d’Allemagne, d’Angleterre et même d’Italie se cotiseraient ensemble, qu’ils ne pourraient faire de tels articles. Mais restaurer une fresque du Primatice ! c’est autre chose. Nous serions battus même par l’Allemagne[1].

Le château de Fontainebleau est extrêmement mal situé, dans un fond. Il ressemble à un dictionnaire d’architecture ;

  1. Correction de 1854. L’édition originale portait nous serons battus… N. D. L. É.