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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

qui épouserait bien mademoiselle Mélanie.

— Comment s’appelle-t-il ?

— Achard.

— Son nom commence-t-il par un H ou par un A ?

— Ces Français fourrent des H partout ; en vérité, je n’en sais rien.

— Vous n’êtes qu’un sot ; allez vous en informer, et qu’on m’en rende compte avant que je sorte pour le spectacle.

— Il s’appelle Achard sans H, est venu dire le majordome.

— Je consens au mariage, a repris la princesse le même trousseau servira. Il ne faudra pas changer la marque[1].

La conversation est arrivée ensuite à des choses plus graves.

L’ancien préfet et moi nous touchons à un sujet bien autrement scabreux que tout ce qui a été dit jusqu’ici. Nous pensons qu’un homme à qui ses terres rapportent cinquante mille livres de rente doit payer plus que deux cents petits propriétaires qui ont chacun deux cent cinquante francs de rente (et cela afin de ne pas nourrir des bouches inutiles).

La somme de trois ou quatre millions, qu’on obtiendrait par cette surimposition

  1. Je ne me serais pas permis de raconter cette histoire si je ne l’avais trouvée dans la Presse du 30 novembre 1837.