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BUREAUX DE PRÉFECTURES

sur quatre chefs de bureaux des préfectures de Hollande, trois s’enrichissent.

J’ai traité une affaire il y a six mois dans une préfecture de France, j’ai appris à cette occasion qu’en 1815 l’abonnement des frais de bureaux était de cinquante mille francs ; en 1837, les affaires ont triplé, mais aussi l’abonnement n’est plus que de quarante-cinq mille francs. C’est ce que nous autres négociants appelons une fausse économie. Quand nous voyons un correspondant agir ainsi, nous diminuons nos affaires avec lui.

Et toutefois, les préfets qui n’ont pas de fortune économisent dix mille francs par an sur leur traitement ou sur leurs frais de bureaux.

J’ai vingt histoires comme celle-ci, que je n’imprime pas, de peur de tomber dans le genre ennuyeux, et peut-être envieux aux yeux des nigauds. Je supplie le lecteur de penser un peu sérieusement à ce qui se passe à la préfecture de son département, et ensuite de répondre comme juré : — Le récit précédent peint-il les choses en noir ?

Si le lecteur habite Paris, il n’est pas juge compétent. Sur quel fait administratif sait-on la vérité à Paris ? Un homme qui donne des dîners n’a-t-il pas toujours deux cents amis dans la société qui s’empressent de nier tout ce qui est défavo-