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TOURS

tout l’ornement, on m’a parlé de l’incomparable beauté des plaines arrosées par l’Indre et par le Cher que je venais de parcourir. Il est bien vrai que la fertilité augmente à mesure qu’on s’avance de Loches vers Cormery, mais il n’y a rien de beau dans tout cela.

Nous avons rencontré enfin quelques grands arbres, au point où la route descend le contre-fort méridional du Cher, vis-à-vis Tours. Du Cher à la Loire, le pays n’est qu’un marais fertile où l’on trouve des blancs de Hollande d’une belle venue. Bientôt après le pont du Cher, nous sommes entrés dans la magnifique rue de Tours. Elle est aussi large, ce me semble, que la rue de la Paix, ce qui produit un effet étonnant en province ou le mesquin bourgeois vous étouffe. Cette rue conduit en droite ligne au fameux pont sur la Loire.

Je me suis logé au grand hôtel de la Caille, que le spirituel T… m’avait recommandé. Ma chambre est bien ; mais j’ai failli mourir de faim au maigre dîner de la table d’hôte. Il y avait là deux ou trois Anglais pensionnaires qui prenaient leur mal en patience ; ce qui me prouve que le dîner est ordinairement de cette magnificence ; il n’en dure pas moins une heure et demie. Je m’enfuis