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LA DILIGENCE

tique, un ami que j’ai rencontré aux forges du Nivernais se sert de la calèche jusqu’à Paris.

J’ai été élevé à voyager comme un simple commis du commerce dans les malles-postes et en diligences, et j’éprouve un sentiment dont je soupçonnais l’existence : c’est que parmi les agréments de la vie, ceux-là seulement dont on jouissait à vingt-cinq ans sont en possession de plaire toujours.

Retournant à Paris, mon ami me conduit à la Charité, et c’est là que j’ai le plaisir vif de prendre une place pour Bourges dans la plus modeste des diligences de province.

Je dirai[1] au voyageur tenté de m’imiter, que le sac de nuit le plus léger suffit pour faire la tournée de Tours, Nantes, Vannes, Carnac, Lorient, Rennes, Dol, Saint-Malo, Avranches, Coutances, le Havre et Rouen.

Cette partie de mon voyage, exécutée de diligence en diligence, par bateau à vapeur, et sans faire de visite à qui que ce soit, attendu que je n’avais point d’habit en ma possession, a été de bien loin la plus agréable.

Rencontrant dans les diligences et aux tables d’hôtes des gens actifs occupés à faire

  1. Ajouté plus tard au Havre.