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CLERMONT



Nivernais, le 18 juin.

J’ai passé par Clermont, qui m’a donné un vif chagrin, celui de ne pouvoir m’y arrêter. Quelle magnifique position ! Quelle admirable cathédrale ! Quelle belle chaleur ventillata !

La vue que l’on a du puy de Dôme, qui n’est qu’à deux lieues de la ville, élève l’imagination, tandis que l’aspect de la Limagne donne l’idée de la magnificence et de la fertilité. Je n’ai pu donner qu’un quart d’heure à la cathédrale commencée vers 1248, mais non achevée. La voûte est à cent pieds du pavé, la longueur de l’édifice est de trois cents pieds, les piliers du rond-point sont remarquables par leur délicatesse. Ce monument, d’un aspect sévère et imposant, domine toute cette ville sombre, bâtie elle-même sur un monticule. J’ai été surpris et charmé par la vue que l’on a de la terrasse. La très antique église de Notre-Dame-du-Port, qui date de 560 et fut reconstruite en 866, mériterait une description de plusieurs pages. La grande difficulté, comme à l’ordinaire, serait d’être intelligible. En Auvergne, on tire un grand parti de la différence de couleur dans les matériaux des surfaces. Les anciens peignaient les