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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

de faire marcher les wagons sur les routes ordinaires ?

D’un autre côté, les chemins de fer rendent les guerres impossibles ; elles choqueraient trop d’intérêts chez les nations voisines. Mais le maître peut avoir intérêt à la guerre.



— Vienne, le 10 juin.

Les gens de Vienne sont affables, et ne craignent nullement de compromettre leur dignité en parlant à un voyageur inconnu ; nous sommes à mille lieues de Paris. J’ai été présenté à M. Boissat, notaire, l’homme le plus influent de Vienne, et qui règne par la bonté.

La ville moderne est bien laide, mais en revanche sa position est admirable ; j’aime bien mieux cette chance-là qu’une ville bien bâtie et jetée dans un fond, comme le château de Fontainebleau, par exemple.

Vienne, que les Romains appelaient Pulchra, existe maintenant moitié sur le penchant des coteaux qui dominent le cours du Rhône, moitié sur une petite langue de terre qui s’étend entre le fleuve et ces coteaux. Elle est entourée de montagnes, les unes