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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

Un monsieur fort obligeant, que je rencontre sur la route, m’apprend que l’on est obligé d’en raccommoder sans cesse le pavé. Dix lieues de pavé de cette route coûtent quarante mille francs d’entretien chaque année, et cela ne suffit pas. Le nombre des chevaux qui périssent sur la route, et dont on voit les tristes débris, est fort considérable. C’est probablement l’endroit de France où l’on voit passer le plus de grosses charrettes. Tous les savons, toutes les huiles, tous les fruits secs, dont le Midi approvisionne Paris et le Nord, sillonnent ce chemin. Considérez que la navigation du Rhône n’est presque pas employée ; ce fleuve est trop rapide pour le remonter. C’est donc sur ce point de la France qu’il faudrait commencer les chemins de fer.

À vrai dire, c’est le seul chemin de fer que je trouve raisonnable ; en d’autres termes, c’est le seul qui puisse payer six ou sept pour cent de rente pour le capital employé. M. Kermaingan estime le chemin de fer de Marseille à la Saône, au-dessus de Lyon, 66 millions ; il a passé l’été à l’étudier.

Il faudrait un milliard pour faire la grande croix, c’est-à-dire le chemin de fer de Marseille au Havre par Lyon et Paris, celui de Strasbourg à Nantes, et 3o celui