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et quelle réalité ! Les Génois, les Florentins, les Vénitiens, négociants aussi, faisaient peindre à fresque le devant de leurs maisons. Voir encore aujourd’hui la place des Fontaines amoureuses à Gênes.



— Lyon, le 2 juin.

Le voisinage de l’Italie, avec laquelle les Lyonnais ont depuis si longtemps des relations fréquentes à cause de la soie (voir les Mémoires de Cellini), n’a point ouvert leur esprit aux choses des beaux-arts. Un accident heureux, un incendie, je crois, les avait débarrassés de leur grand théâtre, énorme et lourd édifice du siècle de Louis XV ; il est placé tout contre leur Hôtel de Ville, qu’il étouffe. C’est un lieu où l’on n’y voit pas clair en plein midi, témoin le cabinet littéraire où je lisais les journaux il n’y a pas une heure. Il fut question de bâtir une autre salle de spectacle. On propose des emplacements fort raisonnables, par exemple celui des Boucheries, vers la Saône. Point : on préfère l’ancienne place, et la ville est à jamais enlaidie.

L’Italie, à deux pas de Lyon, offre quatre cents modèles de théâtres tout faits et de toutes grandeurs, depuis le théâtre de