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et on le voyait plus gai que jamais ; mais quelques jours plus tard, il est mort d’une petite fièvre.

Voici des détails de ménage ; mais, je le crains, je vais passer pour un monstre.

Les mauvais sujets, amis de René, m’ont dit que M. R…, négociant de Lyon, passe deux cents francs par mois à sa femme pour les dépenses du ménage. Cette somme est payable le 15 du mois : quand la femme, d’ailleurs fort aimée de son mari, a besoin de son argent le 1er, elle lui paye un escompte de un pour cent, et ne reçoit que cent quatre-vingt-dix-huit francs. Ces messieurs ont l’infamie d’ajouter que ce négociant a nombre d’imitateurs, mais je n’ai garde de le croire.

M. S***, Anglais, homme d’esprit, qui était présent (nous étions quinze à ce souper, tous étrangers à Lyon), dit qu’il ne trouve rien d’étonnant à cela. M. Tomkimps, riche fournisseur de l’armée anglaise, se détermina tout à coup, l’an passé, à faire un cadeau de vingt mille livres sterling (cinq cent mille francs) à son neveu qui commençait une belle entreprise. Tomkimps compte à ce neveu quinze ou vingt lettres de change acceptées par de bonnes maisons et payables à trois mois de vue.

Tout en le remerciant, le neveu lui dit que de l’argent comptant lui ferait faire une