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relief célèbre qui ornait autrefois la façade de l’église d’Ainay : il représente trois femmes (les déesses mères) celle du milieu tient une corne d’abondance.

Plusieurs pilastres de cette église ont des chapiteaux historiés. On voit, à droite de l’autel, Adam et Ève tentés par le diable.

Il faut examiner, près du sanctuaire, les quatre énormes colonnes de granit, qui avant d’être sciées formaient deux colonnes d’environ vingt-cinq pieds de hauteur. Mais ont-elles été sciées ? Chaque savant se moque de celui qui l’a précédé, et dit le contraire ; et ainsi de suite jusqu’à la fin du monde ou des académies. Je conseille au lecteur de ne croire que ce qu’il voit, le fait matériel ; tout le reste change tous les trente ans, suivant la mode qui règne dans la science. Ces colonnes appartenaient, dit-on, à l’autel élevé en l’honneur d’Auguste par les soixante nations ; on y sacrifia le 10 août de, l’an 742 de Rome, onze ans avant l’ère chrétienne.

Le mélange de ces nobles fragments de l’antiquité avec le gothique jette toujours mon âme dans la sensation du mépris, chose désagréable. Je ne suis pas assez chrétien.

Caligula institua ou rétablit des jeux