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tres, qui tremblent de compromettre leur place en parlant mal à la Chambre, pourraient-ils avoir le temps de méditer sur les partis à prendre ? Ils acceptent leurs idées administratives de leurs commis, et Dieu sait quelles idées ! Comment ces pauvres commis feraient-ils pour avoir une idée ? Ainsi l’ouvrier en soie qui vit dans Lyon consomme une viande et un pain qui, à la porte, ont payé un octroi énorme, tandis que l’ouvrier qui tisse la soie à San-Leucio, près de Naples, vit dans un village affranchi (voir la charte accordée à ce village), et sous un climat où le vêtement n’est qu’un luxe.

Quand on présente ces sortes d’idées au commis, sa paresse se révolte et il se dit : Voilà un homme dangereux et dont tôt ou tard il faudra proposer le changement à Son Excellence.

Que serait-ce si j’osais parler des lois de douane ? En vertu de ces règlements surannés, la France ne fournit à l’Italie, patrie de la paresse et qui n’est qu’à deux jours de navigation de ses côtes, que des chapeaux de femme, venant de Paris.

Il faudrait dans tous les ministères des chefs de division recevant vingt-cinq mille francs d’appointements et cent mille francs de frais de bureaux ; mais ces messieurs ne