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fameux mot qui fait la gloire du pays, et le venge de la prétendue supériorité de Paris : on nommait la Saône en présence d’un Parisien qui étalait la simplicité savante de son maintien sur le joli quai de Mâcon.

— À Paris, nous appelons cela la Seine, dit-il en souriant. Le Mâconnais ajoute finement : Le Parisien croyait apparemment qu’il n’existe qu’une seule rivière au monde.

Trévoux, bâti en amphithéâtre sur la rive gauche de la Saône, a un aspect fort agréable ; c’est une de ces petites villes dont parle la Bruyère. Il semble que l’on y passerait six semaines avec plaisir, et les gens qui y sont brûlent d’en sortir. Ici, l’an 197 après Jésus-Christ, le 19 février, une bataille sanglante décida qui serait le maître du monde, du grand et cruel empereur Septime-Sévère ou du rebelle Albin : la fortune favorisa le plus digne.




Lyon, le 15 mai 1837.

Je me fais débarquer avant l’île Barbe, qu’un pont en fil de fer joint maintenant au rivage. Ma foi, M. S. ne m’a pas trompé. Les rives de la Saône, à deux lieues au-dessus de Lyon, sont pittoresques, singu-