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Châlon-sur-Saône, le 14 mai.

Une affaire de deux heures m’appelait à Autun ; mais je me suis donné le plaisir de passer une demi-journée devant ses admirables monuments. Quelle simplicité sublime ! L’antique, même du temps de Dioclétien, élève l’âme jusqu’à cette sérénité voisine de la vertu parfaite et qui rend les sacrifices faciles. Mais quelle âme sent le simple aujourd’hui ?

S’il se trouve à Paris quelque pauvre jeune homme doué de l’horreur du vaudeville, et de cette disposition intime cousine germaine de la niaiserie, qui fait que l’on aime la belle architecture, il doit venir à Autun s’il ne peut aller jusqu’à Nîmes. En présence de ces deux arcs de triomphe presque entiers, il trouvera le pourquoi de son horreur pour tous ces édifices gallo-grecs qu’on appelle magnifiques dans les publications officielles.

Il y a trente ans, on applaudissait Lainé à l’Opéra, aujourd’hui l’on applaudit M. Duprez ; on bâtissait le garde-meuble il y a cinquante ans (cet édifice sera passable lorsqu’il sera en ruines), on bâtit la Madeleine aujourd’hui. Il y a progrès. Faisons un pas de plus lorsqu’on demandera une petite église, osons copier un