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eût disparu : elle n’est qu’un reste des habitudes de la province.

Peut-être aussi pensait-il, comme Voltaire, qu’il vaut mieux frapper fort que juste ; on plaît ainsi à un plus grand nombre de lecteurs, mais en revanche on s’expose à choquer mortellement les âmes qui sentent le Corrège et Mozart. Diderot pourrait répondre que ces âmes-là étaient fort rares en 1770, mais je répliquerais qu’en 1837 les tragédies de Voltaire nous ennuient à périr. En 1837, on adore Diderot à Madrid et à Pétersbourg ; on l’exècre comme un vil débauché à Édimbourg, et d’ici à vingt ans on lui rendra justice même dans la rue Taranne.




Route de Langres à Dijon, le 10 mai.

Une petite colline couverte de bois, qui n’est que jolie vue en sortant de Chaumont, paraît sublime et enchante les regards.

C’est ce qui m’est arrivé aujourd’hui. Quel effet ne ferait pas ici le mont Ventoux ou la moindre des montagnes méprisées dans les environs de la fontaine de Vaucluse !

Par malheur il n’y a pas de hautes