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La position de Langres et son ciel brumeux qui me rappelle les anciens Gaulois augmentent singulièrement l’effet que sa cathédrale produit sur moi. Je relis avec plaisir la description que César donne du caractère de nos aïeux.

Mes affaires terminées, le vent très froid m’a fait chercher un refuge dans la cathédrale ; d’abord j’y ai lu César. Quand j’ai été un peu ranimé, j’ai songé à l’art gothique, et à l’ogive, qui n’est point un caractère exclusif du gothique proprement dit, né en 1200.

De tout temps l’ogive a existé en Égypte. Le pont du Jourdain en Syrie a des arches en ogive. Au dixième siècle, les Arabes apportèrent l’ogive en Sicile.

Ce qui est plus sûr pour moi, parce que je l’ai vu, c’est que la voûte de l’émissaire du lac d’Albano, bâtie, dit-on, lors du siège de Véies, est en ogive. Plusieurs constructions antiques de la Sicile présentent la voûte en ogive. Rien de plus naturel c’est ; la voûte la plus forte et qui se présente d’abord à l’esprit. Quoi de plus simple que de faire une ogive par encorbellement ?

L’architecture romane, puis gothique, est née, peu peu parmi des gens ennuyés de l’architecture grecque et de sa sœur cadette l’architecture romaine, ou désespérant de les égaler.