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César avait la peau blanche et délicate, il était sujet à de fréquents maux de tête et même à des attaques d’épilepsie ; il avait un corps frêle et qui n’annonçait point la force. Il était fort bon cavalier et croyait utile de faire parade de son adresse devant les soldats : dans les marches, il aimait à lancer son cheval au grand galop, et s’en allait tenant les mains jointes derrière le dos.

César n’estimait dans chaque homme que la qualité par laquelle cet homme était utile. Il voulait dans ses soldats le courage et la vigueur du corps, et se souciait peu de leurs mœurs. Après une victoire, il leur permettait une licence effrénée ; mais à l’approche de l’ennemi ils étaient ressaisis tout d’un coup par la discipline la plus rigoureuse. Il apostrophait avec de rudes paroles les soldats qui avaient la prétention de deviner ses plans, les tenait dans l’ignorance des routes à suivre et des combats à livrer ; il voulait qu’en tout temps, en tout lieu, ils fussent également prêts à marcher et à combattre. Par ces moyens, et par d’autres du même genre, César était parvenu à amuser ses légions et à s’en faire craindre ; en un mot, il’avait su leur inspirer de l’enthousiasme ; sur quoi il faut remarquer qu’il fut l’auteur de tout l’enthousiasme qui lui fut