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peu, messieurs ; madame Ganthier a été acquittée, et nous l’avions prévu.

Voici maintenant les causes de l’événement.

Ganthier avait reconnu Marandon dès le premier moment, et cependant cet homme du peuple, si déloyalement attaqué, eut la force de cacher à sa famille comme à la justice, pendant assez longtemps, le nom du coupable. Il a expliqué ses motifs. Il savait, a-t-il dit, qu’on accusait sa femme de relations adultères avec Marandon ; mais il n’y croyait pas. Nommer son assassin, c’eût été donner une force inouïe à des soupçons déjà trop répandus. Il prit donc le parti de se taire, jusqu’à ce qu’il pût savoir d’une manière précise quelle était la part que sa femme avait prise à cette tentative. Il lui révéla son courageux mensonge ; mais bientôt Ganthier ne put plus conserver de doutes sur son malheur.

Marie Ganthier était observée de près ; elle le voyait et ne savait comment apprendre à son amant ce que son mari lui avait confié. Elle essaya de gagner la servante d’un de ses beaux-frères, et la pria de porter une lettre à Marandon. Cette fille hésita, consulta son maître, et celui-ci l’engagea il accepter la lettre, puis à la lui remettre.