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avoir des liaisons beaucoup trop tendres avec la femme Ganthier. Comment ces liaisons avaient-elles commencé avec une femme fort jolie, mais qui avait longtemps passé pour la sagesse même ? C’est ce que nous avons toujours ignoré.

Marandon était aimé dans le pays, et avait des yeux noirs d’une expression admirable et singulière chez un paysan.

La justice informa. On trouva bien quelques taches de sang sur un vêtement de Marandon ; mais elles étaient très peu significatives. Il fut établi qu’il s’était levé plus tôt qu’à l’ordinaire le jour du crime. Depuis l’événement, il n’avait pas paru dans la maison de Ganthier. Mais ce n’était là que des indices insuffisants ; d’autant plus qu’on interrogea le mari, et qu’il déclara avec persévérance qu’il n’avait pas reconnu l’assassin ; que l’assassin, dans tous les cas, n’était pas Marandon ; qu’il était beaucoup moins grand que ce dernier.

On abandonna cette affaire.

Trois semaines après, Ganthier, sortant de chez lui pour la première fois depuis l’événement, se rendit chez le juge de paix, et déclara que, s’il avait prétendu n’avoir pas reconnu l’assassin, il avait trompé la justice ; qu’il avait au contraire positivement reconnu Marandon.

Dans la soirée même, Marandon disparut,