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faires. Je doute même que nos députés d’avant 1830, tels que je les connais, voulussent comprendre mon récit.

Il y aurait un moyen bien simple pour avoir en Hollande des hommes irréprochables dans les bureaux de préfectures. Il faut que les chefs et sous-chefs soient fonctionnaires publics payés par l’État, il faut que les bureaux de préfectures soient l’école des sous-préfets et des secrétaires généraux, sur-le-champ on aura des parangons de vertu. Avec l’ambition qui brûle tous les cœurs, le gouvernement obtiendrait des miracles.

Il faut rétablir les secrétaires généraux, qui étaient la tradition vivante des préfectures ; c’est une dépense de deux cent soixante mille francs qui fera éviter pour deux millions de folles dépenses.

Il faut dans chaque bureau de préfecture un chef et un sous-chef ; le préfet travaillera indifféremment avec l’un ou avec l’autre. Le sous-chef devra se tenir au courant de tout et être prêt à remplacer le chef. Cet arrangement coûterait cinq cent seize mille francs.

L’ancienne chambre des députés était bien loin de comprendre la nécessité de ces sortes de dépenses, elle répugnait aux examens sévères et qui peuvent mettre au jour des vérités désagréables. En général, sur quatre chefs de bureaux des préfectures de Hollande, trois s’enrichissent.

J’ai traité une affaire il y a six mois dans une préfecture de France, j’ai appris à cette occasion qu’en 1815 l’abonnement des frais de bureaux était de cinquante mille francs ; en 1837, les affaires ont triplé, mais aussi l’abonnement n’est plus que de quarante-cinq mille francs. C’est ce que nous autres négociants appelons une fausse économie. Quand nous voyons un correspondant agir ainsi, nous diminuons nos affaires avec lui.

Et toutefois, les préfets qui n’ont pas de fortune économisent dix mille francs par an sur leur traitement ou sur leurs frais de bureaux.

J’ai vingt histoires comme celle-ci, que je n’imprime pas, de