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mes respects ce matin, ni peut-être même ce soir. Je me trouve cloué à mon bureau par un travail pressé, dont j’ai eu la gaucherie de me charger. Vous savez que, comme un respectueux commis, je ne voudrais pas, pour tout au monde, fâcher mon ministre. Il ne comprendra certainement jamais toute l’étendue du sacrifice que je fais au devoir en ne me rendant pas aux ordres de M. Grandet et aux vôtres.

« Agréez avec bonté les nouvelles assurances du plus respectueux dévouement. »

Madame Grandet était occupée depuis vingt minutes à calculer le temps absolument nécessaire à Lucien pour voler à ses pieds. Elle prêtait l’oreille pour entendre le bruit des roues de son cabriolet, que déjà elle avait appris à connaître. Tout à coup, à son grand étonnement, son domestique frappa à la porte et lui remit le billet de Lucien.

À cette vue, toute la rage de madame Grandet se réveilla ; ses traits se contractèrent, et presque en même temps elle devint pourpre.

« L’absence de son bureau eût été une excuse. Mais quoi ! il a vu ma lettre, et au lieu de voler à mes pieds, il écrit !