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mille livres de rente. Cette réplique chaleureuse de M. Grandet, et toute palpitante d’intérêt, comme il l’aurait appelée lui-même, ressemblait comme deux gouttes d’eau à un article de journal (de MM. Salvandy ou Viennet), et nous en ferons grâce au lecteur, [qui] aura certainement lu quelque chose dans ce genre-là ce matin.

Enfin, M. Grandet, qui comprit un peu qu’il ne pouvait avoir quelque chance de ministère que par M. Leuwen, consentit à laisser la place de secrétaire général à la nomination de celui-ci.

— Quant au titre de son fils, M. Leuwen en décidera. À cause de la Chambre, il vaudra peut-être mieux qu’il soit simple secrétaire intime, comme il est aujourd’hui sous M. de Vaize, mais avec toutes les affaires du secrétaire général.

— Tout ce tripotage ne me convient guère. Dans une administration loyale, chacun doit porter le titre de ses fonctions.

« Alors, vous devriez vous appeler intendant d’une femme de génie qui vous fait ministre », pensa madame Grandet.

Il fallut encore perdre quelques minutes. Madame Grandet savait qu’on ne pouvait prendre ce brave colonel de garde nationale, son mari, que par pure fatigue physique. En parlant avec sa femme, il s’exerçait à avoir de l’esprit à la Chambre des dépu-