Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Combien cette dépense, combien surtout cette surveillance allait être augmentée par le grand nombre d’habits nécessaires ! Elle comptait : le portier, le cocher, les valets de pied… Mais elle fut arrêtée dans son calcul, elle avait des incertitudes sur le nombre de valets de pied.

« Demain, j’irai faire une visite adroite à madame de Vaize. Il ne faudrait pas qu’elle se doutât que je viens relever l’état de sa maison ; si elle pouvait faire une anecdote de cette visite, cela serait du dernier vulgaire. Ne pas savoir quel doit être l’état de maison d’un ministre ! M. Grandet devrait savoir ces choses-là, mais il a réellement bien peu de tête ! »

Ce ne fut qu’en s’éveillant, à onze heures, que madame Grandet pensa à Leuwen ; bientôt elle sourit, elle trouva qu’elle l’aimait, qu’il lui plaisait beaucoup plus que la veille : c’était par lui que toutes ces grandeurs qui lui donnaient une nouvelle vie pouvaient lui arriver.

Le soir[1], elle rougit de plaisir à son arrivée. « Il a des façons parfaites, pensait-elle. Quel air noble ! Combien peu d’empressement ! Combien cela est différent d’un grossier député de province ! Même les

  1. C’est le second soir.