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pole, ou tout autre livre de ce genre également au-dessus de notre génie, nous continuerions à donner l’histoire anecdotique de sept demi-coquins, dont deux ou trois adroits et un ou deux beaux parleurs, remplacés par le même nombre de fripons. Un pauvre honnête homme qui, au ministère de l’Intérieur, se fût occupé avec bonne foi de choses utiles eût passé pour un sot ; toute la Chambre l’eût bafoué. Il fallait faire sa fortune non pas en volant brutalement ; toutefois, avant tout, pour être estimé, il fallait mettre du foin dans ses bottes. Comme ces mœurs sont à la veille d’être remplacées par les vertus désintéressées de la république qui sauront mourir comme Robespierre, avec treize livres dix sous dans la poche, nous avons voulu en garder note.

Mais ce n’est pas même l’histoire des goûts au moyen desquels cet homme de plaisir écartait l’ennui que nous avons promise au lecteur. Ce n’est que l’histoire de son fils, être fort simple qui, malgré lui, fut jeté dans des embarras par cette chute de ministres, autant du moins que son caractère sérieux le lui permit.

Lucien avait un grand remords à propos de son père. Il n’avait pas d’amitié pour lui, c’est ce qu’il se reprochait souvent