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veuse devant laquelle on a nommé le bourreau.)

Peu de jours après cette conversation avec le roi, il vint une affaire à la Chambre à l’énoncé de laquelle tous les yeux cherchèrent M. Leuwen. Madame Destrois, ex-directrice de la poste aux lettres à Torville, se plaignait d’avoir été destituée comme accusée et convaincue d’une infidélité qu’elle n’avait pas commise. Elle voulait, en faisant une pétition, justifier son caractère. Quant à avoir justice, elle n’y songerait pas tant que M. Bardoux aurait la confiance du roi. La pétition était piquante, toujours sur le bord de l’insolence, mais point insolente ; on l’eut dite rédigée par feu M. de Martignac.

M. Leuwen parla trois fois, et à la seconde fut littéralement couvert d’applaudissements. Ce jour-là, l’ordre du jour demandé à deux genoux par M. le comte de Vaize fut obtenu à la majorité de deux voix, et encore par assis et levés, la majorité du ministre avait été de quinze ou vingt voix. M. Leuwen dit à ses voisins, formant groupe autour de lui, comme à l’ordinaire :

— M. de Vaize change les habitudes des gens timides : ordinairement on se lève pour la justice et l’on vote pour le ministère. Moi, j’ouvre une souscription en