Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se sont soulevées, M. Leuwen ait reçu une lettre anonyme, et alors… »

Mais Lucien l’embrassait les larmes aux yeux.

« Ah ! il est bien toujours le même », pensa Du Poirier ; et dans ce moment il éprouva pour notre héros un sentiment de mépris inexprimable.

En le voyant, Lucien crut être à Nancy, à deux cents pas de la rue habitée par madame de Chasteller. Du Poirier lui avait peut-être parlé depuis peu. Il le regarda avec une attention tendre.

« Mais quoi ! se dit Lucien, il n’est plus sale ! Un habit neuf, des pantalons, un chapeau neuf, des bottes neuves ! cela ne s’est jamais vu ! Quel changement ! Mais comment a-t-il pu se résoudre à cette dépense effroyable ? »

……………………

Comme les provinciaux, Du Poirier s’exagérait la pénétration et les crimes de la police.

— Voilà une rue bien solitaire. Si le ministre dont je me suis moqué ce matin me faisait saisir par quatre hommes et jeter dans la rivière ? Je ne sais pas nager, d’ailleurs une fluxion de poitrine est bientôt prise.

— Mais ces quatre hommes ont des