Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voulez pas nous laisser voter, je remonte à la tribune demain. Aux voix !

Le président fut forcé de laisser voter, et le ministère l’emporta à la majorité de une voix.

Le soir, les ministres dînèrent ensemble, pour laver la tête à M. de Vaize. Le ministre des Finances se chargea de l’exécuter. Il raconta à ses collègues l’aventure de Coffe, l’émeute de Blois… M. Leuwen et son fils occupèrent tout le dîner de ces graves personnages. Le ministre des Affaires étrangères et M. de Vaize s’opposèrent fortement à toute réconciliation. On se moqua d’eux, on les força de tout avouer, l’aventure de Kortis avec M. de Beausobre, l’élection de Caen mal payée par M. de Vaize, et enfin malgré leur colère, à leur massimo dispello, le ministre de la Guerre alla le soir même chez le Roi et fit signer deux ordonnances, la première nommant Lucien Leuwen lieutenant d’état-major, la seconde lui accordant la croix pour blessure reçue à Blois dans l’exercice d’une mission à lui confiée.

À onze heures, les ordonnances furent signées, avant minuit M. Leuwen en avait une expédition avec un billet aimable du ministre des Finances.

À une heure du matin, ce ministre avait un mot de M. Leuwen qui demandait