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lendemain, intrépidement, et pour son début à la Chambre, il soutint une sottise palpable ; il fut tympanisé dans tous les journaux à peu près sans exception, mais sa petite troupe lui sut un gré infini.

Nous supprimons les détails, infinis aussi, des soins que lui coûtait la conscience de ce troupeau de fidèles Périgourdins, Auvergnats, etc. Il ne voulut pas qu’on les lui séduisît, et il allait quelquefois avec eux chercher une chambre garnie ou marchander chez les tailleurs qui vendent des pantalons tout faits dans les passages. S’il eût osé, il les eût logés comme il les nourrissait à peu près.

Avec des soins de tous les jours, mais qui par leur extrême nouveauté l’amusaient, il arriva rapidement à vingt-neuf voix. Alors, M. Leuwen prit le parti de n’inviter jamais à dîner un député qui ne fût pas des vingt-neuf, et presque chaque jour de séance il en ramenait de la Chambre une grande berline pleine. Un journaliste, son ami, feignit de l’attaquer et proclama l’existence de la Légion du Midi, forte de vingt-neuf voix. Mais le ministre paie-t-il cette nouvelle réunion Piet ? se demandait le journaliste.

La seconde fois que la Légion du Midi eut l’occasion de se montrer, révéler son existence, comme lui disait M. Leuwen,