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à ce qui est fixé par le concordat de 1804[1]. »

« Cet homme a le ton d’un vieux procureur normand. » Cette observation soulagea fort l’attention de Leuwen. D’après les ouvrages de M. de Chateaubriand et la haute idée qu’on a des jésuites, l’imagination encore jeune de Leuwen s’était figuré un trompeur aussi habile que le cardinal Mazarin, avec les manières nobles de M. de Narbonne qu’il avait entrevu dans sa première jeunesse. La vulgarité du ton et de la voix de M. Le Canu le rendit bien vite à son rôle. « Je suis un jeune homme qui marchande une terre de cent mille francs qu’un vieux procureur ne veut pas me vendre, attendu qu’un voisin lui a promis un pot de vin de cent louis s’il veut la réserver pour lui. »

— Oserai-je, monsieur, vous demander vos lettres de créance ?

— Les voici. Et Leuwen n’hésita pas à mettre dans la main de M. Le Canu la lettre du ministre de l’Intérieur à M. le préfet. Il y avait bien quelques phrases dont il eût désiré l’absence dans ce moment, mais le temps pressait.

« Si le préfet eût voulu se charger de

  1. À vérifier, note Stendal qui avec raison n’est pas bien certain de cette date. N. D. L. E.